La parole est-elle porteuse d'une vérité que l'écrit ne peut transmettre ?

« Les anciens savaient la vérité » répond Socrate à Phèdre.
Opposant la parole vivante à l’écriture figée, Socrate prend à son compte les paroles d’un roi Égyptien, Thamous. Ce dernier critique le don de l’écriture que lui a remis le Dieu Egyptien, Theuth. Voici la scène :
Dans la mythologie égyptienne, le dieu Theuth (le pouvoir spirituel) invente toute une série d’arts (la cosmologie, la géométrie, etc.) et parmi lesquels, l’écriture ; transmettant cette dernière au Roi d’Egypte, Thamous (le pouvoir terrestre), il lui dit :
"Thamous, cette science rendra les Égyptiens plus savants et facilitera l’art de se souvenir, car j’ai trouvé un remède pour soulager la science et la mémoire. »
Mais Thamous, autorisé à la critique, répondit : L’écriture ne peut produire dans les âmes que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture, c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le moyen, non point d’enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu’elle a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au lieu de vrais savants. »
Parlons des questions que soulève ce texte :
- L’écrit est-il moins capable de rendre "la vérité "que la parole ?
- Un peu d’anachronisme : Les anciens d’Egypte (+ ou – 3000 av J.-C., auxquels se réfère Socrate) avaient-ils connaissance d’une vérité plus authentique que les contemporains de la Grèce antique (+ ou – 400 av J.-C.) ?
- L’écrit d’aujourd’hui, sur les tablettes et les sites internet, est-il moins porteur de vérité que l’écrit traditionnellement imprimé, lequel serait également moins porteur de vérité que la parole ?
En bref, allons-nous vers de moins en moins de vérité au fur et à mesure que la modernité avance ?
Et vous, quelles sont vos questions ?
Sources :
Extrait du texte vu sur le blog Palimpseste de Pierre-Michel Simonin
Dossier "Origine de l’écriture de la BNF"
L’analyse de Phèdre dans Wikipédia (voir en particulier la seconde partie)
Derrida et Platon, l’écrit tue-t-il la voix ? (Les nouveaux chemins de la connaissance)
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« Les anciens savaient la vérité » répond Socrate à Phèdre.
Opposant la parole vivante à l’écriture figée, Socrate prend à son compte les paroles d’un roi Égyptien, Thamous. Ce dernier critique le don de l’écriture que lui a remis le Dieu Egyptien, Theuth. Voici la scène :
Dans la mythologie égyptienne, le dieu Theuth (pouvoir spirituel) invente toute une série d’arts (la cosmologie, la géométrie, etc.) et parmi lesquels, l’écriture ; transmettant cette dernière au Roi d’Egypte, Thamous (pouvoir terrestre), il lui dit :
"Thamous, cette science rendra les Égyptiens plus savants et facilitera l’art de se souvenir, car j’ai trouvé un remède pour soulager la science et la mémoire. »
Mais Thamous, autorisé à la critique, répondit : L’écriture ne peut produire dans les âmes que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture, c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le moyen, non point d’enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu’elle a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au lieu de vrais savants. »
Parlons des questions que soulève ce texte :
- L’écrit est-il moins capable de rendre "la vérité "que la parole ?
- Un peu d’anachronisme : Les anciens d’Egypte (+ ou – 3000, auxquels se réfère Socrate) avaient-ils connaissance d’une vérité plus authentique que les contemporains de la Grèce antique (+ ou – 400) ?
- L’écrit d’aujourd’hui, sur les tablettes et les sites internet, est-il moins porteur de vérité que l’écrit traditionnellement imprimé, lequel serait également moins porteur de vérité que la parole ?
En bref, allons-nous vers de moins en moins de vérité au fur et à mesure que la modernité avance ?
Et vous quelles sont vos questions ?
Sources :
Extrait du texte vu sur le blog Palimpseste de Pierre-Michel Simonin
Dossier "Origine de l’écriture de la BNF"
L’analyse de Phèdre dans Wikipédia (voir en particulier la seconde partie)
Derrida et Platon, l’écrit tue-t-il la voix ? (Les nouveaux chemins de la connaissance) -
Opposant la parole vivante à l’écriture figée, Socrate prend à son compte les paroles d’un roi Égyptien, Thamous. Ce dernier critique le don de l’écriture que lui a remis le Dieu Egyptien, Theuth. Voici la scène :
Dans la mythologie égyptienne, le dieu Theuth (pouvoir spirituel) invente toute une série d’arts (la cosmologie, la géométrie, etc.) et parmi lesquels, l’écriture ; transmettant cette dernière au Roi d’Egypte, Thamous (pouvoir terrestre), il lui dit :
"Thamous, cette science rendra les Égyptiens plus savants et facilitera l’art de se souvenir, car j’ai trouvé un remède pour soulager la science et la mémoire. »
Mais Thamous, autorisé à la critique, répondit : L’écriture ne peut produire dans les âmes que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture, c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le moyen, non point d’enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu’elle a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au lieu de vrais savants. »
Parlons des questions que soulève ce texte :
- L’écrit est-il moins capable de rendre "la vérité "que la parole ?
- Un peu d’anachronisme : Les anciens d’Egypte (+ ou – 3000, auxquels se réfère Socrate) avaient-ils connaissance d’une vérité plus authentique que les contemporains de la Grèce antique (+ ou – 400) ?
- L’écrit d’aujourd’hui, sur les tablettes et les sites internet, est-il moins porteur de vérité que l’écrit traditionnellement imprimé, lequel serait également moins porteur de vérité que la parole ?
En bref, allons-nous vers de moins en moins de vérité au fur et à mesure que la modernité avance ?
Et vous quelles sont vos questions ?
Sources :
Extrait du texte vu sur le blog Palimpseste de Pierre-Michel Simonin
Dossier "Origine de l’écriture de la BNF"
L’analyse de Phèdre dans Wikipédia (voir en particulier la seconde partie)
Derrida et Platon, l’écrit tue-t-il la voix ? (Les nouveaux chemins de la connaissance) - See more at: http://www.cafesphilo.org/le-forum-des-cafes-philo/le-cafe-philo-d-annemasse/39-la-parole-est-elle-porteuse-d-une-verite-que-ne-peut-transmettre-l-ecrit-sujet-du-23-12-2013#132
1) je lis le meilleur bouquin de mon auteur préféré,
2) je l'entends lors d'une conférence,
3) je partage un échange avec lui sur le mode d'un dialogue.
Ces 3 situations vont laisser une empreinte différente, n'est-ce pas ? Y en a-t-il une qui laissera une trace de "vérité" plus prégnante que les deux autres ? Si oui, pour quelle raison ?
Par ailleurs, la vérité perçue (l'enseignement reçu) lors de cet échange peut-elle être communiquée par écrit ?